LAISSE FILER
Laisse filer… laisse filer…
Laisse filer ta pensée
Comme font les ruisseaux
Se fondant aux rivières
Qui s’en vont vers la mer.
Comme fait la rivière
Qui t’emmène là-bas,
Aux inconnues frontières
Qui t’attirent au-delà …
Au delà des réalités.
Laisse filer… laisse filer…
Laisse filer ta pensée
Dans l’air pur de l’azur,
Sur l’aile des nuages,
Au delà des orages,
Vers un nouveau langage…
Au delà de ton âge...
Immensités… Voyages…
Laisse filer ta pensée
Jusqu’en un monde pur
Laisse filer… laisse filer…
Laisse filer ta pensée
Dans ton jardin secret
Qui jalousement gardera,
Tous les rêves non-dits,
Où, là, tout est permis.
Où, là, tu pourras vivre enfin…
Jusqu’à l’orée du grand sommeil…
Laisse filer ta pensée.
L’ASTRE BLANC
De la voûte émanait des voiles radieux;
De la tour s’envolait un air mystérieux;
Mon amie de la nuit hululait doucement;
Et la forêt au loin s’enveloppait de brume.
L’astre blanc dans la nuit nimbait d’une clarté
Diaphane, tous êtres et toutes choses.
L’impression que j’avais de survoler cela
Étreignait tout mon être d’une angoisse bizarre,
L’ayant déjà vécu lors d’un temps inconnu.
J’avançais doucement, précaution incertaine,
Écartant les rameaux qui frôlaient mon visage.
C’était moi et non moi et je n’avais plus d’âge …
Quand un rai lumineux venant je ne sais d’où
Illumina l’instant de ma vie en suspens.
La surface des eaux frissonna lentement
En m’emportant, légère, vers cette forme lumière
Et j’allais de mes mains tendues comme en appel
Effleurer tendrement ses cheveux, son visage,
Quand dans un léger rire, cristallin et joyeux
Elle s’évanouit soudain dans la brume irréelle
Me laissant à mon rêve, que depuis je ne cesse
D’espérer retrouver, un soir où l’astre blanc
Nimbant d’une clarté la tour mystérieuse,
La voûte radieuse et la forêt de brume,
Me fera signe enfin pour continuer mon rêve.
LA P’TITE MEME
C’était un’ p’tite mémé
Avec son p’tit chignon
Avec ses p’tites lunettes
Avec son p’tit fichu
Avec son p’tit panier
Avec ses p’tites bobottes
Avec son p’tit toutou
L’allait son p’tit traintrain
L’allait jusqu’au jardin
Piocher son p’tit terrain
Pour faire pousser sa soupe
Et pour gagner son pain
L’était heureuse ainsi
La gentille p’tite mémé
Avec son p’tit chignon
Avec son p’tit panier
Avec son p’tit toutou
Quand elle lampait sa soupe
Qui avait si bon goût!…
FLEUR D’ESPOIR
Sur la branche d’un arbre
Sans feuilles et presque morte
Fusa le chant très pur
D’un tout petit oiseau…
Dans le ciel presque noir,
Très sombre nuit sans lune,
Scintilla une étoile,
Forme de vie lointaine…
Alors la branche inerte
Se para aussitôt
De vives feuilles vertes
Et de fleurs odorantes.
Et dans le ciel nocturne,
Des voiles de la nuit
Une écharpe de brume
Se déchira bientôt
Pour laisser apparaître
L’astre luisant et doux.
Bien sûr il faut savoir
Que, dans le désespoir
Dans l’angoisse du soir
L’étincelle qui luira
La fleur qui s’offrira
Apportera l’espoir.
L’EPOUVANTAIL
Mais qu’est-ce qu’il s’ennuie, seul
Dedans l’immense champ de blé! ...
Et qu’il est dur ainsi de rester immobile
Sous un ciel peint d’azur
Sous un soleil de plomb
Sous un soleil si chaud
Qu’il vous brûle le chapeau.
La pluie ne viendra pas! ...
Mais qu’attend donc cette canaille?
Que le blé grenu le transforme en paille?
Que du village la marmaille
Le cible avec leur grenaille?
Où que les corbeaux en pagaille
Cette si funeste racaille
Ce soir de lui fassent ripaille?
Dieu que c’est dur d’être un épouvantail !
ET JE VOYAGE ...
Mes yeux voguent dans les nuages
Mon esprit file au gré du vent ...
Et je voyage ... je voyage ...
Je rêve de voyages
Des rêves fous, des rêves sages ...
Et je voyage ... et je voyage ...
M’absenter un moment
Peut-être même longtemps ...
Et je voyage ... et je voyage ...
Accepter l’inconnu
Qui vient du fond des âges ...
Et qui voyage ... qui voyage ...
Précédant le départ
Loin au-delà des nues
Et je voyage ... je voyage ...
Et mon esprit s’envole
Dans une ronde folle ...
J’arrête le voyage ... voyage ... voyage …
MOTS ONDULANTS
Ils sont légers ou lourds de sens.
Ils sont amènes ou égrillards.
Ils peuvent être d’esprit,
Pétillante bluette.
Et qu’ils soient inventés
Où même véridiques,
Ceux du corbeau font des ravages.
Ceux du bébé, léger babil
Sont amusants, voire émouvants.
Sans eux que serions-nous?
Quels sens aurait la vie?
Parfois s’ils se font raillerie
Ils peuvent blesser, même un ami.
Si d’hasard on en fait un jeu
Il devient drôle et convivial.
Et que dire du billet doux
Qui met en émoi tant de cœurs?
- Mais de quoi parlez-vous?
Que veut dire ce langage?
- Mais je parle des mots mes amis,
Des mots tout simplement.
Des mots roses d’espoir
Harmonisant nos jours.
Des mots bleus de l’amour
Si doux à votre oreille.
Des mots noirs de la guerre
Despotiques et barbares.
Ces mots font de la vie
Une palette de couleurs
Avec ses heurs et ses malheurs.
Ce sont des mots tout simplement ....
Simplement ..... mots.
MOTS
ONDULANTS
TOUT SIMPLEMENT
FLEUR D’ESPOIR
Sur la branche d’un arbre
Sans feuilles et presque morte
Fusa le chant très pur
D’un tout petit oiseau …..
Dans le ciel presque noir,
Très sombre nuit sans lune,
Scintilla une étoile,
Forme de vie lointaine ….
Alors la branche inerte
Se para aussitôt
De vives feuilles vertes
Et de fleurs odorantes.
Et dans le ciel nocturne,
Des voiles de la nuit
Une écharpe de brume
Se déchira bientôt
Pour laisser apparaître
L’astre luisant et doux.
Bien sûr il faut savoir
Que, dans le désespoir
Dans l’angoisse du soir
L’étincelle qui luira
La fleur qui s’offrira
Apportera l’espoir.
AU FIL DE L’ONDE
Petit bateau de papier
Embarcation fragile
Joli et frêle esquif
Emporte mes pensées
Vers un lointain exil ….
Et les reflets de l’eau
Éblouissant mes yeux
Éloigne les secrets,
Non-dits mystérieux
De mon être intérieur.
Le flot roule ses eaux
Comme la vie ses êtres
Et les vagues de l’onde
Entraînent en une ronde
Capricieuse, effrénée,
Les joies, les peines du monde
Mêlées en un reflet
Changeant et qui s’enfuit
Jusque vers l’océan
Aux si profonds abysses
Aux mystères engloutis
Qui gardent à jamais
Le secret de nos vies.
LE CŒUR BALLON
Un cœur rouge éclatant
S'envolait dans le ciel
Un cœur rouge et brillant
Rutilait au soleil.
Il narguait les humains
Qui admiraient son vol .
Il narguait tous ces nains
De son tendre symbole
Survolant leurs malheurs
Survolant leurs terreurs
Survolant leurs horreurs.
Où donc était leur cœur?
Mais en bas, dans le pré,
Oh! comme il était loin,
L'enfant tendait ses mains
Là-haut vers la ficelle
Qui descendait du cœur.
Et ses larmes roulaient.
Il avait lâché la ficelle
Du ballon qui volait,
Qui s'était échappé
Et ne voyait ses pleurs.
QUELQUE PART DANS LE MONDE
J'aimerais manger ma tartine
Le matin
Sans penser
Que quelque part dans le monde
Un enfant, une femme, ou un homme
Meurt de faim.
J'ai envie de marcher dans la rue
Durcie par le gel
Sans penser
Que quelque part dans le monde
Un enfant, une femme ou un homme
Meurt de froid.
J'ai besoin d'écouter la musique
Auprès du feu
Sans penser
Que quelque part dans le monde
Un enfant, une femme ou un homme
Crie et meurt sous la torture.
Je voudrais dormir calmement
Dans mon lit
Sans rêver
Que quelque part dans le monde
Des enfants, des femmes ou des hommes
Sont couchés sous la terre,
Après être nés
Après avoir vécu l'enfer
Après s'être endormis
Pour toujours
Et pour rien.
SOUVIENS-TOI BIEN !
Ecoute, écoute bien
Petit visage lisse
Ecoute ...
Elles sont vraies ces horreurs
Vécues dans la tourmente
D'il y a bien longtemps,
Longtemps pour tes dix ans
Mais si proches pourtant
Ecoute, écoute bien
Petit visage lisse
Ecoute ...
Ils n'étaient pas tous mauvais pourtant ...
Un gardien aidait en cachette ...
Schmitt apportait du lait
Aux bébés du ghetto ...
Et moi, enfant, j'ai connu Kurt
Prisonnier allemand en France
Qui jouait avec moi
Et qui berçait ma sœur.
Ce grand colosse blond
Qui détestait la guerre
Moi j'ai su qu'il pleurait
Quand des garçons, au bal
L'ont traité de "sale boche"
N'oublie pas, N'oublie pas,
Petit visage lisse
Rappelle-toi ...
Car ils ont vraiment existé
Ces bourreaux exterminateurs
De millions d'hommes, de femmes
Et d'enfants comme toi.
Essuie tes larmes, va
Et n'oublie pas ...
Ton petit correspondant allemand
Attend une lettre de toi.
Mais veillez, veillez bien
Forces vives
L'hydre ne doit pas renaître.
MEKTOUB ! ...
Malika, Fatima
Djamila ou tant d'autres
Sont femmes d'Algérie ...
Et elles restent debout
Elles défient les défis
Et aussi les regards
Tout en pensant
MEKTOUB ! ...
Elles osent être femmes
Et marcher dans la rue.
Et elles restent debout
Osent défier la haine
Et aussi le danger
Tout en pensant
MEKTOUB ! ...
Elles veulent s'affirmer
Leurs larmes sont de rage
Et elles restent debout
Elles font fi de leur corps
Osent défier la mort
Tout en pensant
MEKTOUB ! ...
Malika, Fatima
Djamila ou tant d'autres
Sont femmes d'Algérie.